Romy
(book in French)
by Jean-Pierre Lavoignat and Sarah Biasini
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Book Presentation:
"Nous voulons que ce livre soit à la hauteur de ce qu'a été Romy Schneider, de ce qu'elle est, de ce qu'elle représente. Nous voulons que les lecteurs soient bouleversés par sa grâce et sa beauté, par la vie qui se dégage d'elle malgré les drames qui l'ont frappée, par l'évidence de son talent, par la richesse de son parcours et de ses rencontres. Nous voulons la montrer belle, vivante, contemporaine." Jean-Pierre Lavoignat Jean-Pierre Lavoignat a commencé sa carrière de journaliste à l'AFP tout en participant au lancement de "Première" dont il est devenu, en 1982, le rédacteur en chef. En 1987, avec Marc Esposito, il a créé "Studio Magazine", dont il a été le directeur de la rédaction jusqu'en mars 2006 avant de se consacrer à l'écriture et aussi à la réalisation de documentaires. Il a régulièrement participé à des émissions de cinéma sur France 5, Canal + et France Infos. Il a produit et réalisé plusieurs portraits pour la télévision (Steven Spielberg, Jean-Pierre Jeunet, Claude Berri, Gérard Oury, James Gray, Charlotte Gainsbourg, Jean Dujardin). Il est également l'auteur de Portraits choisis, un livre d'entretiens et de photos avec Catherine Deneuve, de Histoire de désirs avec Pierre Lescure, de Studio, La légende du cinéma et, avec Christophe d'Yvoire, de Mesrine, 30 ans de cavale au cinéma. Il a été commissaire de l'exposition Romy Schneider qui s'est tenue à Boulogne-Billancourt du 4 novembre 2011 au 22 février
About the authors:
Fille de Romy Schneider et de Daniel Biasini, Sarah Biasini choisit, après des études d'anglais et d'histoire de l'art, de devenir comédienne. Elle suit les cours du Lee Strasberg Institute à Los Angeles et, en auditrice libre, ceux de l'Actor's Studio. En 2(104, elle fait ses débuts à la télévision en tenant le premier rôle de Julie, chevalier de Maupin de Charlotte Brandstorm. L'année suivante, elle fait ses premiers pas au théâtre dans Pieds nus dans le parc de Neil Simon, mis en scène par Steve Suissa, et au cinéma dans Mon petit doigt m'a dit... de Pascal Thomas. Depuis, elle se consacre surtout au théâtre où sa prestation dans L'Antichambre de Jean-Claude Brisville, mis en scène par Christophe Lidon, lui vaut une nomination pour le Molière de la meilleure révélation 2008. En 2011, elle retrouve Christophe Lidon pour Lettre d'une inconnue de Stefan Zweig qu'elle joue jusqu'au printemps 2012. Jean-Pierre Lavoignat commence sa carrière de journaliste à l'AFP, tout en participant au lancement de Première dont il devient, en 1982, le rédacteur en chef. En 1987, avec Marc Esposito, il crée Studio Magazine, dont il est le directeur de la rédaction jusqu'en mars 2006, avant de se consacrer à la réalisation de documentaires et à l'écriture. Il est l'auteur de Portraits choisis, un livre de photographies et d'entretien avec Catherine Deneuve, de Histoire de désirs avec Pierre Lescure, de Studio, La légende du cinéma et, avec Christophe d'Yvoire, de .11esriue, 30 ans de cavale an cinéma. Il a été le commissaire de l'exposition Romy Schneider qui s'est tenue à Boulogne-Billancourt du 4 novembre 2011 au 22 février 2012.
Excerpt:
Entretien avec Sarah Ciasini
Jean-Pierre Lavoignat : Vous êtes la fille de Romy Schneider, vous êtes actrice donc un personnage public aussi, forcément on vous parle d'elle sans arrêt. Comment réagissez-vous ?
Sarah Biasini : Cela dépend de la façon dont les gens m'abordent. Le plus souvent, je le prends bien car ils sont bienveillants. Les mêmes phrases reviennent tout le temps : «Qu'est-ce qu'on a aimé votre mère !» «J'adore votre mère...» Souvent j'ai envie de répondre instantanément : «Moi aussi, je l'adore» ! C'est aussi une manière de mettre une barrière, une certaine distance, de rester sur le personnage public et de ne pas les laisser entrer dans une sphère trop intime. Les gens qui viennent me voir veulent ainsi partager avec moi leur admiration, leur peine, leur manque. Cela part le plus souvent d'un bon sentiment mais jamais ne leur vient à l'esprit que pour celui qui entend ces phrases tout le temps, cela peut parfois être considéré sinon comme une agression, du moins comme une intrusion... A la longue - en fait, cela dépend beaucoup aussi de l'état dans lequel je me trouve -, cela peut être un peu pesant, c'est vrai. Il m'est même arrivé il y a quelques années de répondre non lorsqu'on me demandait si j'étais bien la fille de... ! Certains insistaient : «Mais vous êtes sûre ?» Je me sentais alors prise à mon propre piège et je culpabilisais un peu. [Rires.] Mais c'est juste que je voulais la paix ou que je ne sentais de leur part aucune marque d'affection, seulement une curiosité un peu malsaine. A d'autres moments, au contraire, vous tombez sur des gens très pudiques qui ne parlent pas beaucoup mais dont les yeux disent tant de choses... De toute façon, je n'ai pas d'autre solution que de faire avec. Depuis le temps, j'ai appris à l'accepter. D'autant, encore une fois, que c'est le plus souvent la manifestation d'une admiration, d'une émotion. Elle m'a eue quand elle avait trente-huit ans, elle ne m'a donc «appartenu» que cinq ans. De plus, elle a commencé à travailler très tôt, dans des films qui ont marqué plusieurs générations de petites filles, son public est donc très large. Et je sens bien que par ses rôles, par ses films, par sa vie aussi, elle a tissé avec ce public des liens profonds, très intimes.
J.P.L. : Adolescente, aviez-vous le même sentiment ?
S.B. : Oui, j'ai toujours ressenti ce mélange d'appréhension - «Attention, on est en train de parler d'un sujet sensible !» - et de reconnaissance, de fatalisme et de devoir. En tout cas, dès que j'ai compris, disons, l'ampleur du sujet, quand des gens que je ne connaissais pas ont commencé à m'aborder, j'ai pris l'habitude de me placer immédiatement en pilote automatique. Pour mieux me protéger. Pour ne pas me laisser envahir par la gêne ou l'émotion, voire par un sentiment de rejet ou d'agression. Tout à coup, je mets une barrière. Ce n'est plus moi qui parle, ce n'est plus l'enfant, la fille de... qui parle, mais une adulte qui dit juste : «Merci pour elle.» C'est la seule chose à dire.
J.P.L. : Quand avez-vous réalisé que votre mère était un personnage public ?
S.B. : Je crois que je l'ai toujours su. J'ai le souvenir de plusieurs paparazzi nous suivant mon père et moi alors qu'il m'emmenait à l'école, quand j'avais six ou sept ans. Je me souviens que d'autres essayaient de me prendre en photo dans la cour de l'école, à travers les grilles. Les bonnes sœur s tentaient gentiment de me protéger, de me cacher ! Quand elle était encore là, je me souviens aussi de paparazzi nous prenant en photo dans un aéroport alors qu'on allait embarquer, elle, David et moi. Toutes ces photos, je les ai vues. C'est donc quelque chose que j'ai intégré, consciemment ou inconsciemment. Une part de moi connaît bien la situation. En même temps, je pense que je n'ai toujours pas fini de réaliser. Car ce qui m'intrigue avant tout, ce qui me manque, ce que je cherche, c'est la mère, pas l'actrice, pas la femme publique. Je perçois bien l'ampleur du phénomène public et médiatique, mais ce n'est pas ce qui m'intéresse.
J.P.L. : Quels souvenirs gardez-vous d'elle ?
S.B. : C'est difficile à dire. Ce sont plus des sensations, des impressions que des moments très précis. Quatre ans et demi, cinq ans, c'est très petit... D'autant que tout se mélange, que tout s'est mélangé très vite : les photos qu'on m'a montrées, des photos privées et des photos publiques, des photos d'elle et moi qui étaient privées et qui sont parues ensuite, les souvenirs des gens qui nous avaient connues ensemble et surtout les histoires que m'ont racontées mon père et mes grands-parents. Ils m'en ont parlé très tôt : «Tu étais petite, tu ne dois pas te le rappeler, tu as vécu ça et ça avec elle...» Forcément, par la suite, dans votre tête, vous vous faites un film, mais c'est plus construit que spontané. Un film fait d'images que vous vous êtes appropriées et que vous avez rendu vivantes par la simple volonté de les rendre vivantes.
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