Le Cirque
de Charles Chaplin (book in French)
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Book Presentation:
Charlot, accusé d’un vol qu’il n’a pas commis, se réfugie dans la galerie des glaces d’un spectacle de foire. La façade de la galerie, visible au fond de l’image, ressemble à un bateau. C’est vers elle que Charlot se dirige en se joignant au groupe lorsqu’il fait sa première apparition à l’écran, de dos. Entre la terre ferme où sont attroupés les badauds et ce monde promis et invisible, de l’autre côté de la carcasse du navire, il y a un ponton, suspendu dans le vide, première zone d’équilibre à franchir et à surmonter pour y accéder. Étrangement, ce décor de bateau évoque l’Arche de Noé. Il n’y a pas de déluge visible, à l’échelle cosmique et communautaire, mais il y a un naufrage personnel. Celui de Charlot le vagabond, dont on comprend vite qu’il a faim (le gâteau du bébé qu’il mange à la dérobée), puis qu’il est affamé (la nourriture qu’il s’achète en plus avec l’argent providentiel). Dans la galerie des glaces, ce ne sont pas les miroirs qui trompent l’œil mais l’opposition entre la promesse du décor (l’Arche de Noé) et son contenu. À l’intérieur, les miroirs réfléchissent à l’infini, démultipliée et éclatée, une image de soi. Il n’y a plus de place pour l’Autre, le reste de la communauté des hommes et le monde animal. La galerie des glaces sera un refuge provisoire, sans avenir, car le monde du cirque sera ce vrai lieu conforme à cette vitrine de spectacle en forme de ce décor de bateau : l’humanité retrouvée, la cohabitation heureuse, magiquement pacifique, avec l’espèce animale (la scène avec le lion en cage).
D’emblée, le cirque est ce monde de l’autre côté de la passerelle, et le spectacle, par le biais de ce décor singulier, est associé à l’invitation au voyage : larguer les amarres d’un quotidien difficile et désespérant, partir au loin pour tout oublier. Sauf que chez Chaplin, essence de son art, le spectacle ne se détache jamais entièrement de la réalité car, par le rire, il y ramène tout le temps.
La scène dans la galerie des glaces, où le corps est reflété dans une mosaïque d’images, est la mise en perspective des multiples identités biographiques et cinématographiques de Chaplin. Il y a d’un côté la figure complexe de Charles Chaplin, l’homme à la ville, connu et attaqué à l’époque par les ligues puritaines pour ses problèmes conjugaux (nombreux divorces) et critiqué pour ses engagements politiques (ses sympathies pour le régime soviétique qui lui vaudront de sérieux ennuis au moment du maccarthysme), et l’artiste, tour à tour acteur, réalisateur, musicien et ici chanteur, sans oublier l’homme d’affaires indépendant, producteur de ses films et propriétaire d’un studio qu’il a fait construire à Hollywooden 1916. De l’autre côté, il y a la figure simple et mythique, universellement connue : Charlot, l’homme à la canne et au chapeau melon, les mimiques, le langage du corps qui a franchi toutes les barrières des langues. Dans la galerie des glaces, la relation duelle entre Charles Chaplin et sa légende vivante, Charlot, est gravement perturbée. La confusion identitaire est souvent le moteur et le sujet de nombreux films de Chaplin. André Bazin, dans un célèbre texte, disait que Chaplin a fait Le Dictateur pour récupérer la moustache de Charlot qu’un mauvais autre, Adolf Hitler, lui avait volée, faisant du tort à son image. Hitler, aux yeux de Chaplin – ils sont tous les deux nés en 1889 – est un double imposteur. Accessoirement, parce qu’il a attenté à la personne de Charlot : le plagiat et la confusion de la moustache. Profondément, parce qu’il s’en est pris à l’humanité tout entière. L’identité et sa confusion est également le sujet de Monsieur Verdoux où la femme du héros ainsi que la police ignorent les multiples rôles et noms d’emprunts de Verdoux au gré de ses conquêtes féminines. Dans la galerie des glaces, Charlot ne se retrouve pas seul car il est poursuivi par un policier. On peut voir dans cette course-poursuite diffractée en des points multiples le rappel emblématique, à partir de son noyau originaire minimal (Charlot et le policeman), de ce que furent les multiples courts métrages burlesques de Chaplin qui, autour de cette situation à répétition, de film en film, contribuèrent à sa gloire. On peut y voir également, puisque ce décor est un lieu de transition entre la réalité extérieure et l’autre monde à venir, celui du cirque, un hommage en forme d’adieu à un monde cinématographique passé, en constante évolution.
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