Jacques Rivette
Textes critiques
Sous la direction de Miguel Armas et Luc Chessel
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Description de l'ouvrage :
Première édition intégrale des textes critiques de Jacques Rivette parus dans la Gazette du cinéma, Arts et les Cahiers du cinéma, complétés d’entretiens et d'importants inédits. Véritable leçon de cinéma généreuse et passionnée, ce volume permet de mesurer l’importance et la cohérence du travail conceptuel et artistique mené par Jacques Rivette entre 1950 et 2009. Indissociablement critique et cinéaste, Jacques Rivette y apparaît comme une référence incontournable du cinéma.
« La critique idéale d’un film ne pourrait être qu’une synthèse des questions qui fondent ce film : donc une œuvre parallèle, sa réfraction dans le milieu verbal. Mais le défaut de celle-ci est d’être encore faite de mots, soumis à l’analyse et aux contours. La seule critique de Sommarlek a pour titre Le Septième Sceau ; la seule critique véritable d’un film ne peut être qu’un autre film. » (Jacques Rivette à propos d’Ingmar Bergman, 1958)
Recueillis ici pour la première fois depuis leur publication entre 1950 et 1969 – dans les Cahiers du cinéma, où il écrit pendant plus de quinze ans, mais aussi dans l’hebdomadaire Arts ou encore La Gazette du cinéma fondée par Éric Rohmer – les textes critiques de Jacques Rivette (1928-2016) constituent une trajectoire étincelante et radicale à travers un cinéma moderne dont il a fortement contribué à écrire l’histoire et à forger l’idée, parallèlement à son propre travail de cinéaste, comme auteur d’une filmographie singulière qui allait se poursuivre sur six décennies.
Ses critiques de films d’Alfred Hitchcock, Roberto Rossellini, Howard Hawks, Otto Preminger, Jean Renoir ou Ingmar Bergman, ainsi que son combat pour la Nouvelle Vague et les nouveaux cinémas du monde entier sur le champ de bataille de la modernité cinématographique, dessinent une pensée remarquablement cohérente et passionnée, qui invente de nouvelles façons d’écrire, attentive aux transformations incessantes d’un art qu’il contribue brillamment à définir par le terme, non sans avenir, de « mise en scène ». À la combative « Politique des Auteurs » des premières années, élaborée au sein d’un dialogue critique permanent avec ses complices des Cahiers du cinéma, François Truffaut, Éric Rohmer, Jean-Luc Godard ou André Bazin, et qui lui permet de défendre avec la même fougue et la même lucidité des cinéastes aussi différents entre eux que Rossellini et Hitchcock, succède avec le temps, poursuivie d’un texte à l’autre, la recherche au long cours, parfois polémique et toujours ardente, d’une définition de la « modernité » au cinéma, en lien avec l’histoire de l’art :
« Si la plus haute pensée de notre époque choisit de s’exprimer par le cinéma, ce n’est point pour accepter ensuite d’être traduite en quelque langue étrangère, mais pour demeurer invisible à qui n’est sensible aux apparences mêmes de cet art. C’est par l’exercice quotidien de son pouvoir que le cinéaste affirme le plus rigoureusement sa pensée, et la plus profonde s’y confond avec la mise en œuvre des éléments apparemment les plus extérieurs, les plus formels : n’est-ce point la marque d’un art parvenu à ce même point d’accomplissement que trouva la musique au temps de Bach ? »
Rendue enfin disponible dans son intégralité, l’œuvre critique de Rivette, qui allie des articles restés célèbres (ainsi sa violente critique du film Kapo en 1961, intitulée « De l’abjection », a fait date dans l’histoire de la théorie du cinéma) aux surprises d’une multitude de textes moins connus, est ici augmentée d’un choix d’écrits inédits, et du dialogue du cinéaste avec Hélène Frappat, « Le secret et la loi », qui projetait en 1999 une précieuse lumière sur son œuvre écrite et filmée.
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