Haneke par Haneke
de Michel Cieutat, Philippe Rouyer et Michael Haneke
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Description de l'ouvrage :
Ce livre n'est pas un mode d'emploi des films de Michael Haneke. Fruit de cinquante heures d'entretien échelonnées sur deux années entre Paris et Vienne, ce livre, illustré d'une centaine de photos rares ou inédites, permet au réalisateur de Funny Games et du Ruban blanc d'exprimer sa conception du septième art et sa perception du monde contemporain.
Face à Michel Cieutat et Philippe Rouyer, deux critiques de la revue de cinéma Positif, Michael Haneke revient sur ses années de jeunesse et ses mises en scène au théâtre avant d'évoquer, film par film, son travail à la télévision et au cinéma, de ses débuts en 1974 jusqu'à Amour qui sortira en salles cet automne.
Au gré d'échanges libres et passionnés, anecdotes, récits et secrets sur l'art de faire un film se succèdent pour dégager l'image d'un créateur singulier, perfectionniste et plein d'humour. Voici le livre attendu par les cinéphiles sur ce grand cinéaste qu'est Michael Haneke.
À propos des auteurs :
Michel Cieutat collabore à la revue Positif depuis 1973, ainsi qu'à CinémAction depuis 1987. Il est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages sur divers cinéastes et acteurs américains (Frank Capra, Martin Scorsese, Oliver Stone, Robert De Niro, Al Pacino, Audrey Hepburn), français (Gérard Blain) et anglais (Peter Greenaway). Il a enseigné l'iconographie hollywoodienne et les histoires des cinémas américains et français à l'Université de Strasbourg. Critique et historien de cinéma, Philippe Rouyer est membre du comité de rédaction de la revue Positif et en charge des pages cinéma du magazine Psychologies. Il est chroniqueur régulier des émissions « Mauvais genres » sur France Culture et « Le Cercle » sur Canal+ Cinéma.
Extrait :
Onze longs métrages, avec des interprètes mondialement connus comme Juliette Binoche, Isabelle Huppert, Daniel Auteuil, Jean-Louis Trintignant, Ulrich Mühe ou Naomi Watts. Une nuée de prix et de récompenses internationales, dont deux Palmes d'or obtenues à Cannes, une en 2009 pour Le Ruban blanc et l'autre en 2012 pour Amour. Et pourtant, ce livre est le premier, en français, consacré à l'œuvre du réalisateur autrichien Michael Haneke.
Le cinéma de Haneke est trop radical pour faire l'unanimité. C'est justement son refus du pathos et son goût de l'abrupt qui nous ont séduits dès son premier long métrage, Le Septième Continent, découvert à Cannes en 1989. Pour relater cet inexorable voyage au bout de l'autodestruction d'une famille ordinaire, Haneke avait choisi de s'en tenir à trois journées espacées d'un an, et ce parti pris lui permettait d'établir les fondements de son cinéma : l'impossibilité pour les personnages d'exprimer leurs sentiments, l'insistance sur les objets du quotidien, la fascination des images fixes ou animées, les vertus de l'ellipse et du hors-champ, l'attention inhabituelle portée à la bande sonore. Autant de traits qui tendaient non pas à bannir l'émotion, mais à la contenir dans une forme élégante et détournée.
Le souci d'atteindre la vérité des êtres et des situations à travers l'artifice d'images et de sons recréés est au cœur du cinéma de Haneke. Le cinéaste s'y confronte dès l'écriture du scénario, qu'il rédige invariablement seul, avec l'idée d'inventer chaque fois la forme qui donnera corps à son histoire. Benny's Video, son deuxième long métrage, en 1992, met ainsi en abyme sa réflexion sur la représentation de la violence, tandis que 71 Fragments d'une chronologie du hasard, en 1994, morcelle la reproduction du réel pour mieux en montrer les multiples facettes. On pourrait passer en revue toute sa filmographie, de Code inconnu (2000), qui entrelace les destins pour marquer les limites d'une fraternité utopique, à Caché (2005), qui revêt les oripeaux du thriller afin de mettre en question un sentiment de culpabilité, auquel nul ne peut échapper. Même lorsqu'il entreprend de refaire un de ses propres films, Haneke invente une forme inédite. Funny Games US (2008) reste l'unique exemple dans l'histoire du cinéma d'un remake qui reprend réellement l'original (Funny Games, 1997) plan par plan, avec des acteurs différents, mais des axes et mouvements de caméra reproduits à l'identique.
La manière singulière qu'a Haneke de fondre ses propres obsessions dans des univers aussi balisés que ceux du film policier, du film choral, voire de la tragédie, contribue à rendre son style reconnaissable entre tous. Sur le petit village allemand du Ruban blanc comme sur la Vienne contemporaine de La Pianiste ou sur l'Amérique fantasmée de Funny Games US se pose le même regard, celui de l'artiste inquiet qui voit dans l'art la seule manière de s'accommoder du réel.
La prise en compte fantasmatique de ses origines autrichiennes, couplée à une semi-vérité sur sa vocation contrariée de pasteur, à sa réputation de despote sur les plateaux et à l'apparente austérité de sa silhouette, a suffi à caricaturer le cinéaste en donneur de leçons. Or, plus qu'à la religion, c'est à la philosophie que s'est intéressé Haneke dans sa jeunesse, avec le désir naïf d'y trouver des réponses à ses questions existentielles, avant de comprendre que la littérature, le théâtre et le cinéma lui permettaient de mener cette quête sur un mode qui lui convenait bien mieux. Jusqu'à Amour, son dernier film à ce jour, qui pose la question de l'impossible conduite à tenir face à la souffrance de l'être aimé, le cinéma de Haneke explore et gratte là où la vie fait mal, déstabilise le spectateur et l'invite à remettre en cause ses certitudes.
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Edition plus récente
Haneke par Haneke (2017)
de Michel Cieutat, Philippe Rouyer et Michael Haneke
Editeur : Stock
Sujet : Réalisateur > Michael Haneke
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