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Les Vacances de Monsieur Hulot

de Jacques Tati (book in French)

by Carole Desbarats

Type
Studies
Subject
One FilmMonsieur Hulot's Holiday
Keywords
Jacques Tati
Publishing Date
2001 (out of print or limited circulation)
Publisher
Les Enfants de cinéma
Collection
Cahier de notes sur...
Language
French
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Physical desc.
Paperback • 28 pages
7 ½ x 10 ¾ inches (19 x 27 cm)
ISBN
-
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Book Presentation:
Il est intéressant de montrer Les Vacances de Monsieur Hulot aux enfants, aujourd’hui, en cette fin de siècle désabusée. En effet, dans ce film, et peut-être de manière plus large que dans des films ultérieurs de Tati, la générosité est grande : d’abord, bien sûr, celle du personnage, Hulot, mais aussi, et c’est au moins aussi important, celle du cinéaste envers son spectateur. En fait, les deux sont liées. C’est parce que Hulot est un être profondément gentil que ses actes ne sont pas forcément adaptés à ce que la société attend de nous et donc qu’il déclenche le rire. Et c’est parce que Tati respecte son spectateur que son personnage principal n’est pas le seul à nous faire rire : chez Tati, tout le monde peut participer du gag, le provoquer, en profiter, aussi bien héros, personnages de second plan… que spectateurs.

Quelqu’un de gentil
Reprenons. Hulot est un personnage qui suscite plutôt l’attendrissement ou l’étonnement que la distance. Comparons le bouquet final – le feu d’artifice des Vacances–à la dévastation ultime de Pour épater les poules de Charley Bowers ou à la zizanie semée par Charlot au sein d’un hôtel thermal dans La Cure. On s’aperçoit de ce qui sépare fondamentalement les rires suscités par ces trois scènes conclusives. Chez Bowers, une invention géniale (un œuf incassable) se solde par la destruction totale du hangar qui abritait les expériences et le dernier plan laisse le héros éberlué sous un amas de planches et de gravats: ainsi se paye le fait de vouloir altérer les lois de la nature. Chez Chaplin, dans La Cure, ce bouleversement va encore plus loin : à cause de lui, une source thermale offre du vin et non plus de l’eau aux curistes et un hôtel tout entier est donc livré à une débauche dionysiaque tandis que Charlot le quitte sereinement au bras de sa dulcinée. Dans ces deux cas, le rire naît d’un formidable plaisir, dénué de toute considération morale, celui, par exemple, du petit enfant qui considère ses excréments avec intérêt. L’analyse n’est pas neuve. Pour Monsieur Hulot, le ressort n’est pas le même. Certes, à voir, en conclusion des Vacances, le déploiement de cette pyrotechnie, le spectateur éprouve la grande jubilation qui accompagne les dépenses somptuaires, apparemment inutiles, celles que Bataille qualifiait d’« improductives » et dont l’histoire donne des exemples, des jeux de cirque aux défilés commémoratifs et des œuvres plastiques jusqu’aux feux d’artifice. Dans Les Vacances, le plaisir esthétique du noir et blanc, des fusées éclatant dans la nuit, relève de cette jouissance : toutes ces gerbes de lumière, toutes ces chandelles, pour moi, spectateur !… À cela se superpose un élément spécifique du comique de Tati : le feu d’artifice éclaire par intermittences un Hulot très concerné par la micro catastrophe et qui s’affaire donc – inutilement – à contrôler ce que sa maladresse a déclenché. Et nous rions d’autant plus de son inefficacité qu’après tout ce feu d’artifice ne blessera personne, s’il était dans cette cabane, c’était bien pour être utilisé, il aura éclaté un peu plus tôt et réveillé une fois de plus l’hôtel, voilà tout ! Rien à voir avec le – salutaire – rire d’exultation devant la destruction provoquée par la plupart des burlesques américains. En fait, pour ces apocalypses hilarantes de fin de film, le rire peut être libéré par des impulsions contradictoires : d’une part, le désastre est tellement grand que, de facto, il nous délivre d’une référence au réel et autorise un rire de jubilation cathartique (les enfants connaissent bien cela à travers le monde cruel, et ô combien réjouissant, des dessins animés de Tex Avery) ; de l’autre, le spectateur qui apprécie en toute connaissance de cause les efforts disproportionnés du personnage sait, lui, évaluer l’aspect dérisoire de ce que le héros prend pour un cataclysme : le rire ne vient alors pas d’une position poétique déconnectée du réel, mais, et c’est paradoxal, d’un attendrissement bienveillant. Devant l’innocence de Hulot s’agitant comme un insecte inefficace, ou faut-il dire devant sa gentillesse – Hulot est clairement désoléde ce qui arrive – le spectateur a un rire qui, curieusement, laisse une place à la sympathie et, en cela, serait plus proche de celui provoqué par cet autre comique aussi affable que génial : Buster Keaton. Revoyez l’expression satisfaite de Charlot laissant tous les curistes ivres et déchaînés derrière lui… Hulot ne participe pas de cette conscience libertine de la maîtrise du mal. Il donnerait visiblement beaucoup pour faire revenir l’ordre dans la petite station balnéaire. D’où vient alors, devant tant d’aménité et de bons sentiments, que cette scène ne sombre pas dans une mièvrerie qui interdirait le rire ? De la bande-son.

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