Présences
Écrits sur le cinéma
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Description de l'ouvrage :
Articles, scénarios, essais, journal, Olivier Assayas n'a jamais cessé d'écrire : sur ses goûts et sa pratique du cinéma, sur la peinture, la musique, les années 1970, sur ses voyages... Écrit entre 1980 et aujourd'hui, chacun des textes composant ce recueil retrace une expérience aussi vitale qu'intime, une recherche qui passe tout d'abord par des rencontres. Pas seulement des rencontres de cinéma - Ingmar Bergman, Hou Hsiao-hsien, Maggie Cheung, Jean-Pierre Léaud - mais des présences assez fortes pour le guider, pour le hanter. Fassbinder, Visconti, Warhol, Cassavetes, Bacon et Debord, Godard et le cinéma d'Asie dont il a été l'un des tout premiers explorateurs sont autant de repères dans un parcours solitaire, toujours aimanté par les pôles les plus vivants, les plus neufs de la création contemporaine. Dût-il les chercher jusqu'en Chine ou au plus profond de lui-même, en quête d'une modernité qui nourrit à ses yeux le cinéma, «art qui se manie, c'est le moins qu'on puisse dire, les mains dans le cambouis, art du romanesque et donc de la souillure du monde, et par là même, de la vie». Olivier Assayas a été scénariste, rédacteur aux Cahiers du cinéma, avant d'écrire et de réaliser ses films. Auteur, entre autres, de Désordre (1986), L'Eau froide (1994), Irma Vep (1996), HHH. Portrait de Hou Hsiao-hsien (1997), Fin août, début septembre (1999), Les Destinées sentimentales (2000), demonlover (2002), Clean (2004), Boarding Gate (2006), L'Heure d'été (2008).
Revue de Presse :
On sait en effet à quel écueil s'expose ce genre de livre : ne tirer sa légitimité que de la réputation du cinéaste, n'être conçu que comme adjuvant plus ou moins anecdotique à sa création. Son intérêt, dans ce cas, serait limité à la seule prospection universitaire ou cinéphilique. Il n'en est rien, pour plusieurs raisons. La première, c'est le plaisir qu'on prend à le lire, la qualité d'écriture qui s'y déploie, la curiosité d'esprit qu'on y découvre, la radicalité ombrageuse et insoupçonnée qui nourrit nombre de ses analyses. La deuxième est liée à la cartographie originale du goût qui s'en dégage. Assayas écrit aussi bien sur l'aristocrate Luchino Visconti que sur le plébéien Samuel Fuller, sur le hiératique Robert Bresson que sur le charnel John Cassavetes, sur le primitif populaire Louis Feuillade que sur l'imprécateur eschatologique Guy Debord... L'intérêt supérieur de ce livre réside toutefois ailleurs. Il est dans la manière dont il nous permet d'entrevoir ce qui fonde et agit tout à la fois l'homme, le critique et le cinéaste. (Jacques Mandelbaum - Le Monde du 23 janvier 2009 )
Extrait :
Une idée du cinéma
Tu appelleras un beau film celui qui te donnera une haute idée du cinématographe.
ROBERT BRESSON
L'allure d'Olivier Assayas, elle est donnée par le dernier plan de L'Heure d'été (2008) : un garçon, une fille très jeunes laissent la maison du passé, la maison des souvenirs occupée pour une dernière fête improvisée, vivifiée une dernière fois par une bourrasque de voix, de rires, de musiques, de danse ; ils dévalent les pentes du jardin en broussaille, ils courent dans la lumière et l'espace luxuriant et, arrivés au pied d'un mur, ils l'escaladent, le franchissent et courent plus loin, au-delà : vers le monde, vers eux-mêmes... Le cinéma d'Assayas est un cinéma qui ressemble à ce plan-là : un cinéma qui fait le mur, non pas un cinéma d'évasion, mais un cinéma qui s'évade des prisons, des modes, des manières, des systèmes.
C'est peut-être pour dissiper nombre de malentendus qu'il revient aujourd'hui sur l'ensemble de son parcours, sur ses cinq années «en marge» des Cahiers du cinéma, sur les vingt-trois années et les treize films qui ont succédé et qui lui valent d'être considéré comme un des cinéastes français majeurs d'aujourd'hui. Situé entre deux générations - celle d'André Téchiné, de Benoît Jacquot, de Jacques Doillon, de Philippe Garrel d'un côté et celle d'Arnaud Desplechin de l'autre -, il cultive plutôt les différences, voire les clivages que délimitent ses origines, et une sensibilité liée à la contre-culture des années 70 qui a nourri son adolescence. Formé à une idée de l'art comme ouverture par les romans de Kerouac et la poésie d'Allen Ginsberg, par la peinture de Warhol, de Bacon et de David Hockney, bien davantage que par le cinéma auquel ne le relie aucun fétichisme cinéphilique. En sorte que, loin de se situer par rapport à une époque dont ses œuvres refléteraient la sensibilité commune - en particulier musicale -, il a eu très tôt et très clairement conscience de faire des films contre sa génération plus qu'avec elle. Perçu comme un film rock, son premier film Désordre (1986), il le définit, lui, comme un «film antirock» ; récit autobiographique centré sur la dérive de deux adolescents, L'Eau froide (1994) est à ses yeux le contraire d'un film social à la Ken Loach ; quant aux Destinées sentimentales (2000), souvent pris pour un grand spectacle à gros budget et une adaptation - fatalement taxée d'académisme
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