Dario Argento
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Description de l'ouvrage :
Cinéaste italien né en 1940, Dario Argento a acquis une réputation mondiale de «Maître de l'horreur» ou «Maître du giallo» avec notamment L'Oiseau au plumage de cristal (1970), Profonde rosso (1975) ou Suspiria (1977). Ce succès a cependant masqué les autres facettes de sa créativité, beaucoup plus riches et complexes qu'il n'y paraît. L'ensemble de son œuvre, à la croisée de tous les arts, s'impose comme une profonde réflexion sur l'Art et les artistes en général (avec le sommet du Syndrome de Stendhal en 1996), et offre un passionnant univers de conte initiatique tout en ménageant une violente critique sociale. Cet ouvrage, enrichi d'une interview récente disséminée dans le texte, retrace l'ensemble de la carrière du réalisateur, dans sa continuité (la première partie analyse chacun des films dans l'ordre chronologique) et dans sa transversalité avec un essai final mettant en perspective les relations de son œuvre avec les autres arts (en particulier la peinture, l'opéra et la musique). Écrit dans une langue à la fois précise et accessible, cet ouvrage se propose de faire découvrir et aimer l'œuvre du réalisateur, grâce à des outils critiques dont pourront tirer profit ceux qui la connaissent à peine aussi bien que les spécialistes.
À propos de l'auteur :
Vivien Villani est doctorant à l'Université de Paris-I, conférencier et enseignant en musique de film et musicologie à l'ESEC (Paris). Il a rédigé de façon régulière des articles pour la revue Le Technicien du film de 2002 à 2005, et occasionnellement pour d'autres telles que Positif ou Cinémaction. II est également l'auteur d'un Guide pratique de la musique de film chez Scope éditions (2008). Compositeur de formation classique, il écrit des musiques originales pour des films et des documentaires
Extrait :
DE LA CRITIQUE À LA RÉALISATION, LES PREMIERS GIALLI
Les débuts
Dario Argento est né à Rome le 7 septembre 1940, Fils d'un producteur de cinéma renommé, Salvatore Argento, et d'une photographe d'origine brésilienne, Elda Luxardo, il baigne dès son enfance dans le monde du cinéma ; il assistait notamment aux séances durant lesquelles sa mère photographiait les plus grandes stars italiennes de l'époque. Durant son enfance très solitaire, il se plonge rapidement dans la lecture et la cinéphilie, et se rend fréquemment à l'opéra avec sa grand-mère paternelle. Son contact avec le cinéma est donc précoce, et il est frappé très tôt par Le Fantôme de l'opéra, dans la version d'Arthur Lubin avec Claude Rains (The Phantom of the Opera, 1943). Dès le départ, il n'effectue aucune discrimination entre les différents styles, et apprécie tous les films de qualité, quelle que soit leur nature, leur époque, leur genre. C'est également dans sa jeunesse qu'il se passionne pour certains écrivains comme Edgar Allan Poe ou Howard Phillips Lovecraft, gui deviendront des influences quasi-permanentes de sa création cinématographique.
À dix-sept ans, il abandonne le lycée et commence à travailler à l'Araldo dello spettacolo. Dans les années soixante, il réussit à entrer au Paese sera, journal de gauche émanant du PCI (Parti Communiste Italien), tout d'abord comme correcteur puis comme assistant-critique, et enfin comme critique de cinéma. Il rédigera pour ce journal plusieurs centaines d'articles en quelques années, tout d'abord liés au cinéma, mais ensuite également à des concerts classiques et des représentations d'opéra ou de théâtre. Déjà dans ses critiques, l'on ressent son intérêt pour tous les types de courants, qu'ils soient "savants" ou "populaires". Durant cette période, il signe de très beaux textes ou interviews-articles, à la fois instructifs et témoins de l'absolue passion qui habite le futur cinéaste, concernant certains des réalisateurs les plus importants du cinéma italien : Visconti (7 février 1965), Fellini (7 mai 1967), Antonioni (8 mai 1967), Ferreri (22 janvier 1967), Bellochio (16 janvier 1966, 17 mars 1966, 30 décembre 1966, 19 septembre 1967), Pasolini (29 octobre 1965), Leone [20 janvier 1966)... Plusieurs d'entre eux seront des influences déterminantes pour son style, en particulier Antonioni, Leone, Visconti, Fellini ou Pasolini. «J'ai été très marqué par Pasolini ; L'Évangile selon saint Matthieu (1964), Œdipe roi (1967), Théorème (1968) notamment sont pour moi des chefs-d'œuvre. J'ai assimilé beaucoup de choses de lui : sa poétique très profonde de la mise en scène et le fait que chaque mouvement de caméra corresponde à une interprétation psychologique, la façon de traiter la lumière, le fait d'aller chercher des lieux naturels particuliers, l'utilisation de musiques ethniques... Je l'avais interviewé pour le Paese sera avant qu'il ne commence le tournage de L'Évangile selon saint Matthieu, puis à nouveau lors du tournage de Des Oiseaux petits et grands. C'était un homme très simple, pour moi il était vraiment comme un prêtre». Argento est très attaché à son activité de critique, dont il pense qu'il s'agit d'une tâche nécessaire à beaucoup de films : «Je pense que les critiques de cinéma ont un rôle particulièrement important, celui de faire émerger les éléments les plus riches, les plus beaux des films, les subtilités, les sens cachés, les citations... afin de les faire découvrir au public; sinon, certaines richesses sont rapidement perdues. On doit faire cela tout en suivant son idée personnelle bien sûr : il faut aussi être un peu partisan, pas seulement détaché et distancié. Je pense que ce "soutien" critique serait nécessaire à de très nombreux films, mais malheureusement, aujourd'hui, la plupart des critiques sont d'une très grande superficialité». La rencontre avec Sergio Leone sera déterminante pour la suite de sa carrière. Leone est frappé par l'incroyable passion du jeune critique pour le cinéma et par ses questions précises et originales sur la réalisation de certains plans ou mouvements de caméra, et il ne tardera pas à l'engager comme collaborateur. En effet, dès 1966, Argento commence également à écrire des scénarios (environ une quinzaine en tout], basés pour beaucoup sur des sujets de guerre ou de western, et deux en particulier s'avéreront d'une grande importance : Disons un soir à dîner (Giuseppe Patroni Griffi, Metti una sera a cena, 1969) et Il était une fois dans l'Ouest (Sergio Leone, C'era una volta il West, 1968), dont Leone, Argento et Bertolucci co-écrivent ensemble le sujet.
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