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Sade et le cinéma

de Jacques Zimmer

Type
Etudes
Sujet
TechniqueAdaptation
Mots Clés
écrivain, adaptation, sadisme, sexualité, Luis Buñuel, Pier Paolo Pasolini, Roger Vadim, littérature
Année d'édition
2010
Editeur
La Musardine
Collection
Cinéma
Langue
français
Taille d'un livre de poche 11x18cmTaille relative de ce livreTaille d'un grand livre (29x22cm)
Taille du livre
Format
Broché • 244 pages • 21,30 €
17 x 24 cm
ISBN
978-2-84271-488-8
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Description de l'ouvrage :
Longuement emprisonné pour de mauvaises raisons, vilipendé de son vivant, honni après sa mort, condamné aux éditions clandestines, Sade ne fut totalement édité et partiellement réhabilité qu'au XXe siècle. À Jules Janin, écrivant, en 1834 : «La main tremble en écrivant son nom», répond Apollinaire : «Le marquis de Sade ? Cet esprit le plus libre qui ait encore existé.» Sans se dépouiller pour autant de quelques images d'Épinal attachées au personnage, le 7e Art se montra relativement honnête et mesuré, certaines œuvres donnant de l'homme une image diversifiée, nuancée, documentée, même si d'autres n'exploitent que des clichés ressassés. Cet ouvrage se propose tout d'abord d'étudier, après les rares biographies globales, les films abordant des périodes précises de la vie du Marquis (les prisons, la Révolution, les asiles...), ainsi que des productions généralement fantastiques prolongeant son existence par des survivances, des héritiers, des réincarnations. Dans une seconde partie ont été regroupées toutes les adaptations de ses romans : Pasolini ou Vadim y croisent Jacquot, Franco, Pierson, Scandelari ou Skorecki. En comparant rigoureusement la matière littéraire à sa transcription audiovisuelle, on mesure l'extrême difficulté du cinéma à égaler la crudité du texte et à en restituer l'esprit, que les scénarios soient transposés, actualisés ou traités dans leur contexte. Enfin, l'auteur réserve un sort particulier à un maître reconnu : Luis Buñuel. Lequel présente cette double particularité de n'avoir jamais adapté directement Sade, tout en construisant une filmographie littéralement hantée par le «Divin Marquis» dont il reconnut souvent l'influence déterminante. Riche de plus de 300 photographies, ce livre passionnera tout autant les cinéphiles que les amateurs de littérature et d'histoire, grâce à cette approche d'un personnage d'une richesse surpassant largement sa réputation sulfureuse.

À propos de l'auteur :
Critique de cinéma, ancien rédacteur en chef de La Revue du cinéma et de La Saison cinématographique, Jacques Zimmer est l'auteur de nombreux ouvrages dont Le cinéma érotique, Le cinéma fait sa pub, James Bond, Orson Welles, Piccoli grandeur nature, etc. A la Musardine, il a dirigé Le Cinéma X, paru en 2004.

Extrait :
Extrait de l'avant-propos

«C'est bien fait au moins qu'on ait mis Sade à l'ombre la moitié de sa vie.»
(Paul Claudel, Une semaine dans le monde, 10 mai 1948)

Préfaçant son formidable Un portrait de Sade, Raymond Jean rappelle cette formule de Jules Janin (en 1834 dans La Revue de Paris) : «Voilà un nom que tout le monde sait et que personne ne prononce : la main tremble en l'écrivant et, quand on le prononce, les oreilles vous tintent d'un son lugubre.» A la malédiction du père Jules - fort justement oublié par la postérité - Apollinaire répondait «Le marquis de Sade ? Cet esprit k plus libre qui ait encore existé.»
Introduisant un numéro «spécial Sade» pour son émission Apostrophes (1981), Bernard Pivot en dit : «L'écrivain le plus violent, le plus sombre, le plus effroyable, le moins fréquentable.» Mais il ajoute : «Pour certains c'est un génie sans précédent et sans postérité. Pour d'autres ce n'est qu'un pornographe qui a accumulé dans ses livres des crimes et des saletés... Qui est-il ?» C'est bien la question.
D'abord un homme, né au milieu du XVIIIe siècle, mort aux aurores du XIXe, qui a vécu l'existence facile et frivole d'un jeune noble avant d'être arrêté et incarcéré.
Sur quoi repose le procès de Sade citoyen ? Sur, justement, une absence de véritable procédure : l'embastillé (au sens propre du terme) le plus célèbre de la littérature ne fut jamais vraiment jugé et passa le plus clair de son existence en prison par caprice royal, puis à l'asile, chez les fous, par foucade impériale.
Et toujours sous le prétexte de libertinage. Lequel se déroula dans l'univers tarifé de la prostitution ou de la fréquentation d'actrices également vénales. En fait, de toutes les accusations dont il fit l'objet, une seule serait aujourd'hui pénalement justifiée : l'affaire Rose Keller, sa seule victime qui ne fut ni consentante ni rétribuée (sauf ensuite et largement pour qu'elle retirât sa plainte). Pratique évidemment condamnable, mais qui ferait sourire les plus communs des dévergondés et plus encore les mânes de Gilles de Rais ou d'Erzébeth Bathory - sanglants sadiques avant la lettre - auxquels il arrive qu'on associe le Divin Marquis.
Procès littéraire, alors ? Même ses pires ennemis reconnaissent la qualité de son style.
Pornographe ? C'est évident. Mais la littérature française en abonde. Pour ne prendre qu'un seul exemple qui lui soit contemporain : Mirabeau (entre autres activités, auteur licencieux qui partagea la même prison de Vincennes pour quelques temps et avait commis bien pis que Sade) fut, à sa mort, admis au Panthéon. Brièvement, il est vrai.
Athée militant ? Enfin une bonne raison. Ce fut évident en son temps et sans nul doute prépondérant pour son dossier «à charge». Car si les «orgies» du marquis de Sade sont totalement banales (sur le plan sexuel et par rapport aux pratiques de son époque), ses rites blasphématoires furent, eux, fatals à son image. La postérité oublia les seconds pour ne retenir que les premières. D'où le malentendu qui perdura si longtemps.

Voir le site internet de l'éditeur La Musardine

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