La Shoah
Théâtre et Cinéma aux limites de la représentation
Sous la direction de Alain Kleinberger et Philippe Mesnard
Moyenne des votes :
0 | vote | = On peut s'en passer |
0 | vote | = Bon livre |
0 | vote | = Excellent livre |
0 | vote | = Unique / une référence |
Votre vote : -
Description de l'ouvrage :
Malgré le discrédit dont ils sont l’objet, au moins en France depuis le célèbre article de Jacques Rivette sur le travelling de Kapo (« De l’abjection, » 1960) ; en dépit des avertissements réitérés d’une grande partie de la critique et des intellectuels depuis Shoah (Claude Lanzmann, 1985), les films de fiction qui évoquent le sort des Juifs durant la Seconde Guerre, ou qui mettent en scène les épisodes de l’extermination, se sont multipliés. Le département cinéma de Yad Vashem à Jérusalem recensait plus de onze cents films, tous genres confondus, réalisés entre 1985 et 1995. C’est en vain, apparemment, que Claude Lanzmann lui-même aura réaffirmé, au moment de la sortie du film de Steven Spielberg, Schindler’s List, que sur ce sujet, la fiction est une transgression et qu’il y a là un interdit de la représentation. Si une partie de cette production relève du documentaire, les fictions proprement dites destinées soit à la télévision, soit aux salles demeurent importantes en nombre et sont souvent remarquées. Sans présumer de la constitution éventuelle d’un nouveau « genre cinématographique », la Shoah à n’en pas douter est un véritable sujet de représentation. La plupart du temps, les vagues filmiques arrivent des États-Unis, mais elles proviennent aussi du Royaume-Uni, d’Allemagne, d’Israël, des pays de l’Est, et la France n’est pas en reste.Quand il s’agit de représenter directement la persécution et l’assassinat des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, leur sujet se définit clairement, mais il déborde souvent ce cadre strictement factuel dans des productions qui traitent plus spécifiquement des camps de concentration nazis (et non plus de l’extermination des Juifs) ou de certains moments du nazisme difficilement séparables du projet génocidaire. Il est plus difficile à percevoir encore quand ces films semblent n’aborder la question que de façon allusive ou périphérique. Enfin, autre facteur de brouillage, on constate depuis les années 1990, la recrudescence de documentaires qui admettent des scènes de fiction soulignant par là même combien les frontières esthétiques et génériques sont poreuses. Sur le plan de la représentation, la part du théâtre est de moins en moins congrue. S’il y avait déjà un certain nombre de scénarios qui puisait leur source dans des œuvres dramatiques, on s’aperçoit que, parallèlement au cinéma, le sujet est abordé sur la scène. Si sa présence est discrète, elle est néanmoins insistante. La fictionnalisation de la Shoah est une question doublement critique, désormais présente, sinon incontournable dans et pour notre culture. Doublement critique, d’une part, au regard d’une violence dont la radicalité et le projet mêmes ont dépassé l’imagination, y compris l’imagination de la violence extrême et, d’autre part, par l’histoire polémique qui en accompagne et, parfois, conditionne la réception. Mais à quoi les fictions sur la Shoah viennent-elle répondre ? On ne peut pas se limiter à des réponses de type économiques et invoquer simplement l’audimat. Arguer de la demande de connaissance d’un public ignorant paraît nettement insuffisant ; comme serait insuffisant la recherche d’une émotion par sympathie, voire d’une catharsis. Si aucun de ces arguments ne résiste à l’analyse, c’est peut-être que chacun méconnaît à la fois la nature de l’événement et celle du cinéma ou du théâtre, car la Shoah est cet événement singulier qu’on ne peut pas objectiver, qu’on ne parvient pas à avoir sous les yeux. Qu’advient-il quand théâtre et cinéma prennent pour thème un réel réputé impossible à montrer ?
Textes issus du colloque international éponyme organisé par Alain Kleinberger, Philippe Mesnard, Sara Harvey et Christian Biet, tenu à l'université Paris-Ouest Nanterre La Défense les 8-10 décembre 2010. - Bibliogr. et webliogr. p. 487-508. Filmogr. p. 509-518. Théâtrogr. p. 519-520. Index
Voir le site internet de l'éditeur Kimé
> Livres ayant un titre identique ou proche :
> Du même auteur :
> Sur un thème proche :
Le Cinéma et la Shoah (2007)
Un art à l'épreuve de la tragédie du 20e siècle
Dir. Jean-Michel Frodon
Sujet : Genre > Historique
L'Histoire infilmable (2003)
les camps d'extermination nazis à l'écran
de Vincent Lowy
Sujet : Genre > Historique
Révoltes et révolutions à l'écran (2015)
Europe moderne, XVIe-XVIIIe siècle
Dir. Stéphane Haffemayer
Sujet : Genre > Historique
Le Cinéma et la guerre d'Algérie (2009)
La propagande à l'écran (1945-1962)
Sujet : Genre > Historique
La Grande Guerre sur grand écran (2006)
Une approche cinématographique de la guerre de 1914-1918
Sujet : Genre > Historique
1914-1918 Grande guerre ou contre-révolution ? (2019)
Ce que disent les imaginaires
Dir. Pierre Arbus
Sujet : Sociologie
Nota : Un livre sur fond légèrement grisé est un livre qui n'est plus actuellement édité ou qui peut être difficile à trouver en librairie. Le prix mentionné est celui de l'ouvrage à sa sortie, le prix sur le marché de l'occasion peut être très différent.
Un livre sur fond de couleur beige est un livre édité dans une autre langue que le français.