Le Cinéma en situation
Expériences et usages du film
Sous la direction de Laurent Creton, Laurent Jullier et Raphaëlle Moine
Moyenne des votes :
0 | vote | = On peut s'en passer |
0 | vote | = Bon livre |
0 | vote | = Excellent livre |
0 | vote | = Unique / une référence |
Votre vote : -
Description de l'ouvrage :
«Les films sont davantage que ce qui tombe de l'écran et des haut-parleurs» écrivait en 1932 le sociologue américain Herbert Blumer. Donner du sens aux données audiovisuelles suppose en effet quantité d'interactions entre toutes sortes d'agents et quantité d'ajustements entre toutes sortes d'hypothèses interprétatives. Ce que nous pensons du film et le bénéfice que nous en tirons varie en fonction de la situation. Avec qui le voit-on ? Quel usage ferons-nous de ce que nous voyons ? Comment la confrontation avec d'autres opinions modifiera-t-elle la nôtre ? Comment le film s'accommodera-t-il de nos «identités multiples» ? Au lieu d'être centré sur le «texte», mais sans pour autant poser que le spectateur est libre d'interpréter à sa guise toutes les données qui lui arrivent, cet ouvrage explore la situation cinématographique, ce moment de vie privilégié qui mobilise nos ressources et nos dispositions. Cet ouvrage a été dirigé par Laurent Creton, Laurent Jullier et Raphaëlle Moine, professeurs à l'IRCAV, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3.
À propos des auteurs :
Laurent Creton, Laurent Jullier et Raphaëlle Moine sont professeurs à l'IRCAV, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3.
Extrait :
Pour une approche interdisciplinaire de la notion de situation cinématographique
Que signifie se pencher sur le cinéma «en situation» ?
Cela signifie prendre en compte l'expérience qu'a le/la spectateur/spectatrice du film en fonction du contexte (social, historique, affectif, etc.) dans lequel il/elle le regarde. Cela signifie élargir l'objet d'étude «cinéma» aux pratiques de réception, de «consommation», et à tout un ensemble de cadres qui, s'ils ne déterminent pas ce que nous pensons du spectacle, influencent nécessairement la compréhension que nous avons de lui et notre avis sur sa qualité ou, par exemple, son utilité éthique. Cela signifie : cesser d'associer «film» à «long-métrage en salle de cinéma, regardé religieusement dans la pénombre». L'acte qui consiste à «voir» - mais on devrait dire à «vivre» - un film, autant que celui qui consiste à le produire, engage de ce fait de nombreuses dimensions de la vie sociale, sinon toutes. Marcel Mauss aurait même pu enrôler le cinéma sous la bannière du «fait social total» : lui aussi suppose l'intervention d'un grand nombre d'institutions dans ce qui relève d'un échange et d'une interaction avec des «objets qu'on présente avec succès et que l'on reçoit avec joie», des objets que l'on «recueille et transmet avec amour».
Si Mauss n'a pas cité expressément le cinéma, le premier à avoir franchi le pas est sans doute Edgar Morin, en 1952. Cependant, comme le montre Jean-Marc Leveratto, Morin a pris soin de parler de «fait de civilisation total», pour en empêcher toute interprétation «républicaine» et en souligner le caractère international et transculturel. C'est que ce fait de civilisation comprend avant tout une situation. Ce terme de «situation» provient lui aussi de la sociologie. Erving Goffman (1922-1982) l'a rendu indispensable en le décrivant comme l'ensemble des cadres qui nous permettent de comprendre ce qui se passe au cours d'une expérience quotidienne et de «raconter ce qui nous est arrive» ensuite. Compte tenu de notre objet, il s'agit du moment de notre vie dans lequel prend place la vision du film, incluant non seulement les cadres spécifiques au cinéma du cinéma (le genre, par exemple, pour en citer un très courant), mais aussi l'avant et l'après, la médiatisation lors de la sortie du film, les personnes qui nous accompagnent et leurs réactions pendant la projection, la discussion qui s'en suit, etc. Mais Goffman n'a pas invité le concept de situation* : il l'a puisé, en le transformant, chez Herbert Blumer (1900-1987). Ce sociologue est connu pour avoir mis au point la notion d'interactionnisme symbolique, une notion utile pour parler de cinéma, puisqu'elle sert à montrer que le sens (ici, donc, le sens du film) est construit en fonction des interactions que nous avons les uns avec les autres, et non pas «déduit» du film ou «trouvé» à force d'acharnement interprétatif à l'intérieur du seul «texte filmique». Blumer a d'ailleurs eu l'occasion de donner un aperçu de ce qu'aurait été l'application systématique de sa théorie au cinéma, puisqu'il a participé à la vaste campagne d'observation de la réception et de l'usage des films américains connue sous le nom de Payne Studies, au début des années trente, et en a tiré un livre où il écrit : «Il est important de prendre en compte le fait que les films sont davantage que ce qui tombe de l'écran et des haut-parleurs ; assister à leur projection est une expérience qui s'inscrit à l'intérieur d'un complexe jeu de dispositions et de déterminations».
(...)
Voir le site internet de l'éditeur Presses Sorbonne Nouvelle
> Des mêmes auteurs :
Is It French? Popular Postnational Screen Fiction from France (2024)
Dir. Mary Harrod et Raphaëlle Moine
(en anglais)
Sujet : Sociologie
Usages de l'interprétation, interprétations de l'usage (2023)
Cinéma, télévision, bande dessinée
Dir. Laurent Jullier et Guillaume Soulez
Sujet : L'analyse de films
Abécédaire des Parapluies de Cherbourg (2023)
Jacques Demy, 1964
Sujet : Un Film > Les Parapluies de Cherbourg
Une brève histoire du cinéma (2021)
1895-2020
de Martin Barnier et Laurent Jullier
Sujet : Histoire du cinéma
Fenêtre sur cour, Alfred Hitchcock, 1954 (2019)
Analyse d'une œuvre
de Eric Dufour et Laurent Jullier
Sujet : Un Film > Fenêtre sur cour
Mort à Venise - Luchino Visconti, 1971 (2018)
Analyse d'une œuvre
de Eric Dufour et Laurent Jullier
Sujet : Un Film > Mort à Venise
Mobiles (2018)
Enjeux artistiques et esthétiques
Dir. Laurence Allard, Laurent Creton et Roger Odin
Sujet : Technique > Esthétisme
L'âge des stars (2017)
Des images à l'épreuve du vieillissement
Dir. Charles-Antoine Courcoux, Gwénaëlle Le Gras et Raphaëlle Moine
Sujet : Sociologie
Les Lumières de la ville (2017)
Analyse d'une œuvre
de Laurent Jullier et Jean-Marc Leveratto
Sujet : Un Film > Les Lumières de la ville
Analyser une adaptation (2017)
du texte à l'écran
de Laurent Jullier et Jean Cléder
Sujet : L'analyse de films
Les Images de synthèse au cinéma (2017)
de Laurent Jullier et Cécile Welker
Sujet : Technique > Effets spéciaux
Une brève histoire du cinéma (2017)
(1895-2015)
de Martin Barnier et Laurent Jullier
Sujet : Histoire du cinéma
Le Front populaire et le cinéma français (2017)
Dir. Laurent Creton et Michel Marie
Sujet : Histoire du cinéma
Le film français (1945-1958) (2015)
Rôles, fonctions et identités d'une revue corporative
Dir. Laurent Creton, Kira Kitsopanidou et Thomas Pillard
Sujet : Les Films > Revues de cinéma
A Companion to Contemporary French Cinema (2015)
de Alistair Fox, Michel Marie, Raphaëlle Moine et Hilary Radner
(en anglais)
Voyez comme on chante ! (2014)
Films musicaux et cinéphilies populaires en France (1945-1958)
Dir. Sébastien Layerle et Raphaëlle Moine
Sujet : Genre > Comédie musicale
Téléphone mobile et création (2014)
Dir. Laurence Allard, Laurent Creton et Roger Odin
Sujet : Technique > Toutes les techniques
Les salles de cinéma (2013)
Enjeux, défis et perspectives
de Laurent Creton et Kira Kitsopanidou
Sujet : Economie
Grey's Anatomy (2012)
du cœur au care
de Laurent Jullier et Barbara Laborde
Sujet : Un Film > Grey's Anatomy (série TV)
Cinéma et audiovisuel se réfléchissent (2012)
Réflexivité, migrations, intermédialité
de François Amy de La Bretèque, Emmanuelle André, François Jost et Raphaëlle Moine
Sujet : Théorie
Les Producteurs (2011)
Enjeux créatifs, enjeux financiers
de Laurent Creton, Yannick Dehée, Sébastien Layerle et Caroline Moine
Sujet : Métiers et Formation
Cinéphiles et cinéphilies (2010)
Une histoire de la qualité cinématographique
de Laurent Jullier et Jean-Marc Leveratto
Sujet : Sociologie
Fictions patrimoniales sur grand et petit écran (2009)
Dir. Pierre Beylot et Raphaëlle Moine
Sujet : Genre > Historique
Les hommes-objets au cinéma (2009)
de Laurent Jullier et Jean-Marc Leveratto
Sujet : Les Films > Personnages
Casque d'or J. Becker (2009)
Analyse d'une œuvre
de Eric Dufour et Laurent Jullier
Sujet : Un Film > Casque d'Or
Policiers et criminels (2009)
Un genre populaire européen sur grand et petit écrans
La leçon de vie dans le cinéma hollywoodien (2008)
de Laurent Jullier et Jean-Marc Leveratto
Sujet : Sociologie
Stendhal, le désir de cinéma (2006)
suivi des Privilèges du 10 avril 1840 de Stendhal
de Laurent Jullier et Guillaume Soulez
Sujet : Histoire du cinéma
Histoire économique du cinéma français (2004)
production et financement 1940-1959
France / Hollywood (2002)
Echanges cinématographiques et identités nationales
Dir. Martin Barnier et Raphaëlle Moine
Sujet : Economie
Les sons au cinéma et à la télévision (1995)
Précis d'analyse de la bande-son
> Sur un thème proche :
La Direction de spectateurs (2015)
Création et réception au cinéma
Dir. Dominique Chateau
Sujet : Sociologie
Cinéma et théories de la réception (2012)
Etudes et panorama critique
Dir. Christophe Gelly et David Roche
Sujet : Théorie
L'art des foules (2011)
Théories de la réception filmique comme phénomène collectif en France (1908-1930)
Sujet : Sociologie
Réalités de l'Image, Images de la réalité (2) (2000)
Dir. Jean-François Diana et Jean-Pierre Esquenazi
Sujet : Sociologie
Les œuvres d'art dans le cinéma de fiction (2014)
Dir. Gilles Mouëllic, Pierre-Henry Frangne et Antony Fiant
Sujet : Théorie
Nota : Un livre sur fond légèrement grisé est un livre qui n'est plus actuellement édité ou qui peut être difficile à trouver en librairie. Le prix mentionné est celui de l'ouvrage à sa sortie, le prix sur le marché de l'occasion peut être très différent.
Un livre sur fond de couleur beige est un livre édité dans une autre langue que le français.